10 avril 2008

Violences et racisme dans le sport: des confusions nocives



Le top 14 et la pro D2 ont été récemment le théâtre de violences, entre joueurs mais aussi comme à Agen impliquant quelques spectateurs à la fin du match Agen-Mont de Marsan, télévisé de surcroît sur Sport . Les commentaires de journalistes qui ont suivi m'ont plus inquiété que rassuré sur la compréhension du phénomène. Ces journalistes et anciens sportifs du monde du rugby soulignaient comme un seul homme que le rugby n'avait pas de leçons à donner au football quant à la violence, qu'on voyait là les prémisses d'une évolution similaire, et mettait allègrement en parallèle le récent scandale de la banderole et ces incidents.

Il me paraît léger voire dangereux de ne pas bien comprendre ces problèmes. Certes, le rugby n'a évidemment de leçons à donner à quelque sport que ce soit, football ou autre, et connaît ses soucis propres de violence mais aussi de dopage ou de racisme par exemple. Pour autant, assimiler ces deux types d'évènements est une grave erreur que les personnes chargées des prises de décision dans ce domaine seraient bien inspirées d'éviter.
Les incidents de cette journée de rugby ont une cause structurelle de calendrier. À ce moment de la saison, les équipes qui n'ont pas réussi à suivre leur tableau de marche sans être décrochées totalement sont prises entre leurs ambitions de début de saison et le bilan comptable. Chaque match est éliminatoire et la tension conjuguée à la frustration fait que certains joueurs et certains entraîneurs perdent les rênes de certaines parties, ce qui conduit à de regrettables scènes que ce sport a toujours connu et qu'il convient de sanctionner en appliquant froidement le règlement.

Toute autre est l'affaire de la banderole, même si le journalisme y joue là aussi un rôle ambigu voire pervers. L'ampleur même du scandale a de quoi déranger. Chaque match est l'occasion d'insultes racistes et rien ne se passe tant qu'un joueur ne quitte pas le terrain pour se battre ou protester ou que l'insulte est développée sur une banderole de vingt mètres face aux caméras de télévision. Il est donc tolérable que les joueurs noirs soient traités de singes si eux seuls en profitent ! Non, bien sûr, alors à l'occasion de cette banderole qui donne une occasion de dénoncer le racisme dans le sport, il serait bien venu que les journalistes prennent un peu de recul et de hauteur comme les hommes politiques d'ailleurs et ne fassent pas comme s'il tombait des nues.

Sans donner de leçons, il faut quand même noter que le football est le seul sport qui à ma connaissance en Europe sépare les supporters des deux camps. Je ne sais pas qui a pris cette décision inique et même si elle peut être datée et attribuée à une personne mais le retour en arrière, pour difficile qu'il soit me paraît inévitable à condition bien sûr que l'on veuille vraiment régler ce problème. L'infantilisation qui résulte de la séparation des supporters ne peut conduire qu'à des comportements primaires d'enfants gâtés. La banalisation du spectacle des cordons de policiers enfermant les supporters lors des rendez-vous « chauds » de la ligue 1 me paraît intolérable. Pour ré éduquer les gens à vivre ensemble, il faudra prendre des mesures drastiques d'exclusion des stades des éléments perturbateurs, et enfin accepter que cela ne se passera pas sans heurts avec l'effet que l'on peut imaginer sur l'opinion et peut-être sur la fréquentation mais le jeu en vaut largement la chandelle et il me semble qu'il n'est pas trop tard mais le veut-on vraiment ?

Pour le moment, aller au stade de rugby est un plaisir que j'espère partager bientôt avec mon fils. Rencontrer les supporters des autres villes et autres pays est un ingrédient important de ce plaisir, mais si on devait séparer les supporters un jour dans ce sport, il va de soi que je ne mettrai plus les pieds au stade.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bien vu, mon fils!

ce commentaire, que je partage, est mieux exprimé que le mien, RESPONSABILISE le commentateur. Il est journaliste, mais avant tout un homme,(une femme) amoureux du sport dont il est spectateur et apte à la réflexion. Il ne détient pas la VERITE, mais il peut exprimer la sienne. C'est à cet endroit qu'il conviendrait qu'il mette le nez à la fenêtre....Ce n'est pas sans conséquence et il peut bénéficier de quelques mornifles et chiffarnasses. Commenter est à la portée du premier c.. venu, être l'avocat du sport que l'on présente n'est pas du même acabit et justifierait leur "free-pass" puisqu'ils sont payés pour commettre leur esquive. Je pense que, comme tout afficionado du sport qu'il relate, il se doit d'avoir un avis et, tenant le micro, il se doit de transmettre son émotion....J'attends encore, à titre anecdotique, un avis journalistique sur la qualité de l'arbitrage de Monsieur BARNES en première mi-temps du match TOULOUSE CARDIFF. Enregistrer les faits est un devoir déontologique pour un journaliste, se tromper sur un avis est subjectif donc fragile mais nous ne sommes pas sur le même terrain.
En résumé, en avoir ou pas, tel est la question!
Et si, en plus, il se crée des confusions et des amalgames crétins, c'est la porte ouverte à la banalisation des évènements donc la pollution des amateurs par des pseudo-amateurs qui confondent terrain de sport avec terrain vague où la baston et l'expression de leur imbécilité et de leur frustation auraient pu les soulager.
Il est préjudicable que des journaleux n'aient pas la distance et la réflexion pour commenter pour soutenir l'émotion et l'intérêt pour ce sport et pédagogiquement relever les manquements aux règles établies tant par les joueurs que par l'arbitre. L' avènement du fric dans le rugby n'est pas ma tasse de thé. C'est parait-il, inéluctable avec comme résultante, elle aussi inéluctable, la dérive vers la pollution précédemment citée et les excés constatés sur les matches de Foot. Le mal est fait et la responsabilités des Médias est pleine et entière. QUE VONT-ILS FAIRE ? Rien évidemment, cela leur imposerait de réfléchir mais est-ce à leur portée????????????

Anonyme a dit…

Par hasard, j'entends l'émission de Daniel Mermet sur france.inter. Elle est en phase avec mon commentaire. A post caster pour l'illustration.
A +.